Depuis le jour où le cinématographe des frères Lumière a enregistré leurs employé·e·s à la sortie de l’usine en 1895, l’objectif de la caméra s’est imposé comme un témoin essentiel des évolutions, histoires et politiques du travail. Comme l’a remarqué Harun Farocki à propos des célèbres images de « Sortie d’usine », elles nous font voir que « la détermination du mouvement des travailleurs représente quelque chose, que le mouvement visible des individus remplace le mouvement absent et invisible des marchandises, du capital et des idées dans l’industrie ». Si elles entendent capter la réalité des travailleurs et de leur quotidien, les images du travail sont elles-mêmes inséparables des modes de production intrinsèques au médium cinématographique.  

Dans cette optique, l’exposition collective Images at Work imaginée par la commissaire Laura Lux rassemble des documentaires expérimentaux et des films d’artistes qui captent la mécanique, les routines manuelles et les expériences poétiques du travail sur les anciens et nouveaux sites de production, tout en explorant l’histoire de sa représentation au moyen de l’image en mouvement.   

Laura Lux (née à 1990 ; vit et travaille à Londres et au Luxembourg) est titulaire d’un doctorat en Film Studies du King’s College London. Ses recherches et écrits portent sur les films du réalisateur et théoricien des médias Harun Farocki dans le contexte de Mai 1968. Elle a également publié sur les cinéastes Jean-Marie Straub et Danièle Huillet et a participé aux conférences annuelles de la British Association of Film, Television and Screen Studies (BAFTSS) et de Visible Evidence. En juin 2023, elle a coorganisé la conférence Images at Work au King’s College London en partenariat avec l’Office allemand d’échanges universitaires (DAAD) et le German Screen Studies Network (GSSN).  

Photo : Vestige du fragment positif nitrate du film « Lumière n°91,2 – Sortie d’usine, II », Louis Lumière, 1895 © Institut Lumière

ATTENTION : L’effet stroboscopique de certaines scènes filmées présentes dans l’exposition ne pourraient pas convenir aux personnes sujettes aux crises d’épilepsie ou aux vertiges. Aussi, certaines certaines scènes peuvent heurter les personnes sensibles en raison de leur contenu graphique.